Après l’huile brute, le café est l’une des commodités les plus commercialisées dans le monde. Afin de suffire à la demande mondiale et servir plus de 2 milliards de cafés par jour, c’est plus de 25 millions de fermiers répartis dans plus de 50 pays qui travaillent quotidiennement pour que vous soyez en mesure de boire votre nectar préféré chaque matin. Autour du monde, c’est environ 125 millions de personnes, tous quarts de métiers confondus, qui comptent sur le café comme gagne-pain.
De nos jours, vous pouvez vous procurer du café à peu près partout: à la maison, au garage en attendant la réparation de votre voiture, dans des cafés, à votre travail, au dépanneur, etc. Si vous avez pris un café dans un de ces endroits, vous aurez fort probablement remarqué que le prix varie énormément d’un endroit à l’autre. Pourtant, c’est bien le même produit initial que vous buvez, non? Pas tout à fait…
Pour comprendre la différence, faisons le parallèle avec le monde du vin. Présentement, sur le site de la SAQ, on retrouve du vin rouge en format 750ml à partir de 7.10$ jusqu’à 7500.00$. Pourtant, à première vue, ces bouteilles contiennent toutes le même produit de base, soit le raisin noir. Les différences majeures entre ces deux bouteilles se situent principalement dans la chaîne de production, d’approvisionnement ainsi que dans la traçabilité du produit. Est-ce qu’on connaît la provenance? Dans quelles conditions ce vin a-t-il été produit? On ne sait pas!
Pour en revenir au monde du café, c’est un peu le même phénomène qui se produit. Du côté des épiceries, vous pourrez retrouver des cafés dont les prix fluctuent énormément. On note des prix aussi bas que 0.42$ pour une tasse de café d’une marque italienne populaire et jusqu’à 1.00$ pour une dosette polluante qui donne l’équivalent d’une tasse. En regardant du côté de nos cafés comme La sève, le prix s’élève à 0.77$ la tasse.
Qu’est-ce qui explique cette différence de prix?
Plusieurs aspects entrent en ligne de compte lorsqu’on compare les prix de différents cafés. Tout d’abord, le prix est déterminé par le contexte d’achat dans lequel le café est produit. Il existe trois principales façons de se procurer du café. Tout d’abord, en C Market, avec des contrats payés d’avance qui visent à la plus haute rentabilité et au plus bas prix, sans toutefois mettre l'accent sur la qualité finale du produit ainsi que le bien-être des caféiculteurs, des cueilleurs, etc. À noter également que dans ce type d’achat de café, il est impossible de retracer de quelle ferme ou quel producteur le café provient. Ces lots sont achetés à l’aveugle dans plusieurs régions du pays et ensuite rassemblés pour donner un café Colombien, par exemple. C’est un peu comme si dans le monde du vin, on mélangeait deux cépages afin de créer un vin français générique; on perdra automatiquement toutes les belles qualités des deux cépages originaux.Chez Nektar, on se concentre plutôt sur deux autres types d’achats de café: l’importation de café avec des agents facilitants, qui ont souvent des bureaux directement dans le pays d’origine ainsi que le commerce direct. Ces deux façons de se procurer du café vert visent à offrir le plus d’argent possible au producteur de manière à ce qu’il puisse bien vivre. En comparaison, la majorité des fermiers qui vendent leur café en C Market, le font à perte et n’arrivent même pas à couvrir leurs frais de production de base.
Pendant plusieurs décennies, le C Market était la seule façon de faire, mais au fil du temps, les gens impliqués dans la production du café ont réalisé qu’il était impossible de soutenir un développement durable en continuant de cette manière.
C’est là où entrent en jeu les cafés de spécialité. À un moment où le modèle du café n’est plus viable à long terme, les différents agents impliqués dans la production du café commencent à s’intéresser à développer de meilleures relations avec les fermiers, les rémunérer au meilleur prix possible et ainsi les aider à développer un café de plus grande qualité. Le tout s’inscrit dans une vision de développement durable: consommer du café dont la provenance est facilement retraçable, en plus petites quantités et encourager des économies locales.
En achetant du café de spécialité, vous contribuez non seulement à encourager un torréfacteur de votre économie locale mais vous aidez grandement au bien-être et au développement futur d’un producteur de café à l’autre bout du monde.
Pour en revenir à la question initiale: pourquoi est-ce que le café de spécialité coûte plus cher que le café d’épicerie, c’est une question qui a de multiples facettes et plusieurs réponses possibles.